des frères et des soeurs
Une grande famille... quatre filles et un garçon... petite fille, j'en ai rêvé... petite fille, j'en étais l'ainé... dans cet ordre, celui que maintenant, maman, je regarde.... image d'Epinal, sereine et heureuse, je l'imaginais... petite fille, je me le répétais, dix enfants que je veux... sûre de moi, cette phrase tournait, lancinante dans ma tête d'enfant... ma grand-mère paternelle était idéalisée, elle qui avait élevé dix enfants, autant de garçons que de filles... pour moi, elle était l'accomplissement de la femme, dans cette maternité... des frères et des soeurs... unis par le sang, issus de mêmes parents... une famille....
Dans ce quotidien, il y avait des cris, des disputes, des courses poursuites, mais aussi des gloussements, des murmures, de la tendresse... de la complicité partagée ou des fossés creusés.... aujourd'hui, maman de tant d'enfants, je les regarde parfois autrement.... des affinités se sont crées, de la tendresse est échangée, mais leurs affrontements, leurs violences me laissent sans voix, désarmée.... une amie me rassurait : s'ils se disputent si forts, c'est qu'ils s'aiment très fort..... alors je me laisse aller... de l'amour passion, celui où tout éclate : joie, colère, amour et haine... mais je le vois bien, ces affinités d'enfants restent même adulte... tous ne peuvent s'aimer de la même façon... maman, déjà, je donne un amour fort et unique à chacun de mes petits...
Chamailleries, retrouvailles me font sourire... "respectez-vous, écoutez-vous" sont des mots répétés, lancinants à tout moment....même au plus fort des cris et disputes, quand les " je le déteste", fusent en claquant dans l'air... pas facile d'aimer son frère, sa soeur... les mots pansements sont alors murmurés "tu le détestes, tu as le droit"....
Plus tard, je les surprends, après tant de violence, esayant d'échanger à nouveau, timides et hésitants.... cet amour, pas obligatoire, dédramatisé qui s'enracine doucement, petit à petit...